Neuf mois après son lancement, le bilan du dispositif de collecte des déchets mis en place par la start-up Cycleen au centre Leclerc d’Achères (Yvelines) est plus que positif.
À Achères, le public joue le jeu du tri sélectif grâce au dispositif mis en place par la start-up Cycleen au centre Leclerc Le Grand Cèdre, avant de le déployer dans toute la région Île-de-France. Alors que le projet de loi anti-gaspillage, présenté le 10 juillet en Conseil des ministres, propose de revenir au système de la consigne mis en place dans les années 1970 pour les bouteilles en verre, la start-up Cycleen a pris les choses en main bien avant tout le monde.Voici neuf mois que cette start-up française, fondée en janvier 2018, a lancé un dispositif innovant d’automates de tri dans la galerie marchande du centre commercial Leclerc Le Grand Cèdre à Achères (Yvelines).
Ces automates dotés de capteurs et de réflecteurs permettent aux citoyens sensibles au recyclage de déposer bouteilles en plastique et canettes en échange d’un bon d’achat ou d’un don à une association. Et ça marche !D’un point de vue technologique, ça se passe super bien, confirme Édouard Bernard, cofondateur de Cycleen. Beaucoup de clients utilisent les machines. D’autres viennent voir cette solution. C’est devenu une vraie référence. »
Aucune erreur de tri
Il faut dire que les chiffres parlent pour eux : 2 500 bouteilles et canettes collectées par jour, soit plus de 100 000 par mois, pour une récolte totale qui avoisine 1 million cet été.Pour ce faire, les automates, créés par la société norvégienne Tomra, ont été adaptés aux bacs de tri de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise.Les agents passent une fois par semaine pour la collecte des treize conteneurs de 600 litres chacun situés dans un local d’une surface de 150m2.Il s’agit vraiment d’un flux pur, sans erreur de tri, explique Paul Fabiano, cofondateur de la start-up. Le problème aujourd’hui avec les bacs jaunes, c’est qu’il y a encore des gens qui mettent n’importe quoi dedans. Selon la moyenne nationale, entre 20 et 30 % des matières retrouvées ne sont pas recyclables. D’autant plus qu’il n’y a pas d’homogénéité nationale dans les centres de tri. »
Un système qui ne fait pas l’unanimité
Malgré ces effets positifs pour la collecte des déchets, la mise en place de ce système ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les professionnels du recyclage, les collectivités territoriales voire les lobbies des grandes marques.Ces derniers subiraient un manque à gagner. Bien au contraire, selon Olivier Briau, président de l’association pisciacaise Odyssée pour la Terre à l’origine du dispositif signé entre Leclerc et Cycleen :Cela n’ajoute qu’un point de collecte sur l’itinéraire des agents et c’est efficace. C’est un dispositif innovant qui vaut la peine. Il y a un bilan plus que positif tant au niveau de la qualité du gisement que de l’engouement des consommateurs. Cela va dynamiser le tri sélectif dans un territoire où l’on part de zéro. Mais il faut que toutes les filières derrière suivent et que ça profite à tous. Même si à terme, il faudra réduire le plus possible ce type de contenants. »
« On refuse l’immobilisme »
La start-up compte multiplier les installations de ce type dans de nombreuses grandes surfaces d’Île-de-France dès le mois de septembre.Cycleen a déjà mis en place son matériel dans une trentaine d’hypermarchés d’Occitanie que le patron des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, a présenté en personne.Lire aussi :Lire aussi : L’enseigne E. Leclerc teste à Toulouse un système de recyclage qui permet de gagner de l’argent.C’est simple, on a recyclé une bouteille sur deux en 20 ans, ajoute Édouard Bernard. Et il n’y a rien qui est fait. On refuse l’immobilisme et on préfère prendre le taureau par les cornes quitte à tenter des choses. Il y a des projets de loi en discussion. Nous n’en connaissons ni les tenants ni les aboutissants mais sommes convaincus que le recyclage ne doit plus faire partie du monde des déchets mais doit prendre sa place dans le monde des services en proposant une expérience différente et incitative. »Du côté de l’État, les détails de la mise en œuvre de la consigne comme mode de collecte des emballages de boissons seront précisés à l’automne. Les bureaux, commerces de proximité et autres écoles pourraient être concernés.
Florian Dacheux
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